L’amour, tout simplement
Entretien mené par Alexandre Demidoff, journaliste Culture du Temps
Né en 1971, François Bégaudeau est écrivain, critique de cinéma et scénariste français. Agrégé de lettres modernes, il poursuit d’abord une carrière d’enseignant tout en collaborant aux Cahiers du Cinéma. Son premier roman Jouer juste (Verticales, 2003) se passe pendant une Coupe d’Europe de football. En 2006, il reçoit le prix France Culture-Télérama pour Entre les murs (Verticales, 2006) inspiré par son expérience d’enseignant dans une zone d’éducation prioritaire (ZEP). L’adaptation cinématographique reçoit la Palme d’or au Festival de Cannes 2008. La blessure, la vraie (Verticales, 2011) est aussi adapté sur grand écran. Abdellatif Kechiche en réalise la première partie sous le titre Mektoub, my love : canto uno en 2018. Les ouvrages de François Bégaudeau mettent en scène des dynamiques de lutte sociale : dans En guerre (Verticales, 2018), ses personnages, issus de différentes classes sociales, interagissent sans jamais réussir à se comprendre réellement. Notre joie (Fayard/Pauvert, 2021) plonge dans l’extrême droite. Histoire de ta bêtise (Fayard/Pauvert, 2019) évoque la bourgeoisie. Comment s’occuper un dimanche d’élection (Divergences, 2022) questionne le principe même de l’élection. Bien que L’amour (Gallimard, 2023) soit un petit livre, c’est un grand roman. Il apporte une humanité et un souffle spirituel dans sa simplicité. Son écriture rappelle l’approche radicale des Années d’Annie Ernaux (Gallimard, 2008). Dans sa matérialité, l’histoire de Jeanne et Jacques nous traverse et élargit notre propre champ de vision. C’est aussi un hommage à une certaine France dont on parle peu en littérature.