Entretien mené par Alexandre Giquello, président de Drouot Patrimoine
Le terme « iconoclaste », si galvaudé, semble fait pour elle tant elle casse les codes et fuit les définitions. Depuis la fin des années septante, Sophie Calle fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde. Tour à tour décrite comme artiste conceptuelle, photographe, vidéaste et même détective, « aucune de ces descriptions ne convenait et, tout bien considéré, je pense qu’il était impossible de la ranger dans une case » dixit Paul Auster lui-même. Elle a développé une pratique immédiatement reconnaissable, alliant le texte à la photographie pour nourrir une narration qui lui est propre. Ses travaux forment un vaste système d’échos et de références internes, connectés entre eux comme les chapitres d’une œuvre globale dans laquelle elle brouille quelquefois les frontières entre l’intime et le public, la réalité et la fiction, l’art et la vie, en laissant de la place au hasard. Sophie Calle a publié plusieurs livres, et le Centre Pompidou lui a consacré une exposition en 2004. En 2007, elle représente la France avec deux œuvres à la Biennale de Venise. Fin janvier dernier se terminait l’exposition A toi de faire ma mignonne où « Sophie Calle célébrait à sa manière les 50 ans de la mort de Pablo Picasso, en investissant la totalité des quatre étages de l’hôtel Salé avec une proposition d’exposition inédite ». A Genève même, vous lui avez peut-être confié un secret, à l’occasion de l’exposition collective Open End en 2016, au cimetière des Rois : l’artiste a obtenu une concession tombale de vingt ans, invitant les passants à y glisser leurs secrets, qu’elle s’est engagée à ne pas divulguer, muette comme une tombe !